Emploi, éducation et jeunes ayant une psychose

Dans un groupe de jeunes ayant un premier épisode de psychose, nous avons constaté que pour de nombreux patients, le fait de ne pas avoir terminé leurs études secondaires était révélateur d'un handicap psychosocial qui avait commencé avant le début de la psychose et coïncidait avec d'autres problèmes de santé mentale et/ou de toxicomanie. Les jeunes désengagés professionnellement ont eu plus de difficulté à accéder à des services spécialisés d’intervention précoce pour la psychose. Ils ont donc fait plus de tentatives pour demander de l’aide, mais ont quand même eu des délais plus longs avant d’obtenir des services. . Une fois dans ces services, ils étaient huit fois plus susceptibles d’abandonner leurs études si le service ne les aidait pas à réintégrer l’éducation ou le travail. Malheureusement, notre travail a également montré que jusqu'à un tiers des jeunes étaient au chômage ou n'étaient pas scolarisés, même après cinq ans de suivi en intervention précoce pour la psychose.  Cela signifie que nous avons besoin d’interventions spécifiques pour aider les jeunes à poursuivre et à maintenir leurs objectifs en matière de travail et d’études.

 

Nos entrevues qualitatives ont mis en évidence la valeur de l'autodétermination pour les jeunes ayant une psychose lors du retour ou de la poursuite de leurs études ou de leur travail, ainsi que la nécessité d’avoir des services visant à favoriser l'autonomie, les relations et les compétences afin de faciliter le retour et le maintien au travail et aux études.

 

Nous croyons qu’il est important de comprendre et de se demander pourquoi nous nous concentrons sur ce que nous faisons dans le domaine de la santé mentale. Nous menons donc une analyse critique du discours sur les documents pertinents sur ce sujet (par exemple, les lignes directrices en matière de traitement, les déclarations de politique). L’analyse critique du discours inclue des moyens d’analyser de manière critique les textes pour vraiment comprendre ce qui est raconté, pourquoi cela est-il raconté de cette manière et ce qui peut manquer dans ces récits. Alors, comment pouvons-nous, en tant que spécialistes, expliquer pourquoi il est important de se concentrer sur les résultats en matière d’éducation et d’emploi des jeunes ? Nos discours portent-ils sur la productivité ou sur le sens et le but ? Ce travail a des implications sur la pratique et les politiques, en particulier pour assurer que l’accent mis sur le travail et les études des jeunes soit fondé sur la dignité et la justice sociale.